Qui êtes-vous ?

Ma photo
Je suis comme toutes celles que vous connaissez. Je pourrais être votre soeur, votre amie, votre collègue ou simplement votre voisine. Ici, je vous parle de mon quotidien et de celui de ma famille pour mettre un peu de lumière sur la vie avec un enfant différent! mamantupperware@hotmail.ca

jeudi 29 septembre 2011

Version pantalon

     Jour de congé! Enfin! Je reconduis mon grand à son arrêt de bus et je le regarde tranquillement partir pour une autre journée d'école. Je reviens ensuite à la maison, où mes deux plus jeunes m'attendent.

     Aujourd'hui, c'est jour de photo à la garderie. Pour Maxime, assez simple: chemise bleue, débardeur gris et bleu et jeans... bleu! Ni question ni commentaire!

     Ma grande fille est prête pour sa séance de beauté : on coiffe ses cheveux, on y passe le fer plat, on lui met deux boucles d'oreille — elle n'en portait qu'une car l'autre a élu domicile dans la voiture de mon conjoint! — et on la maquille légèrement — pas de scandale svp : on parle ici d'une trousse hypoallergène dont les couleurs ne sont visibles que dans leurs boitiers... car une fois appliqué on ne voit pratiquement rien. Donc, coiffée, maquillée , parfumée, ma cocotte est prête. Dossier réglé en moins de 10 minutes!

     Elle se regarde dans le miroir et me dit : « Toutes les autres petites filles vont être en robe... pas moi. » C'est vrai! Je ne suis pas douée pour l'achat de robes. Elle en a une, qui aurait surement fait l'affaire.... mais comme elle éblouit par la présence de beaucoup de couleurs... j'ai opté pour un look plus neutre : le brun! Elle portera donc un pantalon de velours brun, avec une chemise carrelée aux teintes de bruns et un soupçon de rose.

     Ma fille est coquette, mais ne m'a jamais harcelée pour avoir des robes. Son commentaire me surprend donc un peu. Je lui demande alors si elle se trouve belle. Elle me répond que oui. Je lui demande qui est la plus belle petite fille du monde. Elle me répond : « Anne-Sophie! » Je lui demande si elle préfère mettre une robe, elle me répond que non. Fin de la discussion!

     Au moment où je laisse Max à la pouponnière, ma fille — qui est tellement autonome du haut de ses 3 ans et demi et est allée seule retirer son mateau et le ranger au vestiaire — revient vers moi en tournoyant. Elle regarde avec un grand sourire l'éducatrice de son frère et lui désigne ses vêtements. Elle tourne sur elle-même, montre ses boucles d'oreilles, ses cheveux et ses lèvres teintées de roses pour l'occasion. Elle se fait complimentée pour sa beauté par l'éducatrice, fait un câlin à son petit frère et rejoint son groupe.

     Devant son éducatrice, elle refait la même chose. Un tour vers la gauche, un tour vers la droite, les cheveux, les yeux, les boucles d'oreille et les lèvres rosées... Encore une fois: que de bons mots pour ma princesse!

     Au moment du câlin de départ, elle me murmure à l'oreille: « Je les aime mes pantalons... Pis de toute façon, des collants, ça pique tout le temps! » J'ai eu ensuite droit à un deuxième câlin, un grand sourire, mais pas de bisou.... pour ne pas abîmer son rouge à lèvres! ;-)



   

mercredi 28 septembre 2011

In mémoriam

- Maman, le monsieur était sûrement très fâché après ses enfants pour faire ça hein?

- Je ne sais pas mon amour. Je ne sais pas pourquoi il a fait ça…

- Maman? Des fois mon papa se fâche…Est-ce qu’il pourrait faire ça?...

- Je ne crois pas mon amour… Papa vous aime très fort ta sœur, ton frère et toi…

- Maman?... Ça veut dire que le monsieur ne les aimait pas ses enfants?

- … Il l’est aimait sûrement mon amour…….. (silence)

- J’ai de la peine maman…parce que ma sœur s’appelle Anne-Sophie….

Discussion avec mon fils de 4 ans au moment des meurtres d’Anne-Sophie et Olivier Turcotte


M. Laporte,

    Ce soir, j’ai eu envie de vous écrire. Je viens de lire votre chronique : "La vie ne vaut rien" et j’ai envie d’y ajouter quelque chose. Depuis les meurtres des enfants Turcotte, le Québec est ambivalent. Folie passagère, acte prémédité, colère, dépression, blessure, adultère… Peu m’importe. Mardi, jour où les membres du jury assignés au procès ont décrété que M. Turcotte n’était pas criminellement responsable de ses actes, bien des cœurs ont été meurtris et bien des femmes ont mis un visage sur leur crainte la plus atroce.

    À l’ère des conjoints de fait, des unions libres, des conjoints jetables…, plus rien n’a de valeur. Les couples se créent et se brisent au gré du vent. Des enfants naissent… mais plus tous égaux. Car à peine ont-ils poussés leur premier cri que les statistiques ont tôt fait de les remettre à l’ordre… Leurs parents ne seront probablement plus ensemble avant leur cinquième anniversaire.

    Je songe à ces femmes monoparentales qui laissent, une semaine sur deux ou un week-end sur deux, leur enfant partir avec leur ex-conjoint et qui attendent impatiemment, à l’heure prévue du retour, de serrer leur enfant dans leurs bras. Je songe à ces femmes qui ont eu le courage de mettre fin à leur relation conjugale en sachant très bien que dorénavant, 15 minutes de retard leur paraîtra sans fin. Je pense aussi aux pères qui, lorsqu’ils seront coincés dans les embouteillages, sauront qu’ils trouveront une mère inquiète, tétanisée par tous les scénarios sordides qui prendront maintenant vie dans son imagination. Toutes les séparations ne sont pas aussi désastreuses... mais certaines le sont.

    Je songe à tous ces pères qui porteront l’odieux de prouver qu’ils sont équilibrés et aptes à prendre soin de leur enfant. À ces hommes qui n’oseront plus laisser paraître leur faiblesse par crainte de devenir l’ennemi numéro un. Par crainte qu’on ne leur fasse plus confiance.

    Que des parents choisissent de se séparer ne me regarde pas. Que ces mêmes parents optent pour la garde partagée ne me regarde pas non plus. En fait… je ne m’inquiète  pour eux, mais aussi pour ces couples silencieux, dont on entend jamais parler...

    Depuis mardi, les femmes qui vivent une relation conjugale difficile et qui songeaient à quitter le nid familial n’y songent probablement plus. Tout simplement parce que depuis mardi…la vie ne vaut rien…

    Depuis mardi, le meurtre n’a plus d’éducation ni de classe sociale. Le meurtre n’a plus de situation financière… le meurtre n’a plus de santé mentale. Depuis mardi, une femme qui désire quitter un homme violent (que ce soit physiquement ou psychologiquement) hésitera à le faire par crainte que l’impossible arrive…parce que dorénavant, elle sait que l’impossible peut arriver…même dans les meilleures familles.

    Ce texte est peut-être d’une piètre valeur journalistique, mais il ne vous est pas uniquement envoyé pour être publié. Ce texte est une demande faite par une femme qui veut en aider d'autres. Vos chroniques marquent l’esprit et le cœur de ceux qui les lisent. Alors de grâce, faites savoir aux femmes que la valeur de leur vie est trop précieuse et qu'elles ne doivent pas demeurer dans la crainte. Dites à ces femmes que des ressources sont à leur disposition, sans frais et de façons confidentielles. Parlez-leur des centres pour femmes violentées, des lignes d’écoutes, du service 811, du CAVAC… Parlez-leur de l’importance de savoir qu’il a des moyens, des façons de faire, des procédures qui peuvent être mises en place pour les protéger, elles et leurs enfants. Dites-leur que la crainte ne les aidera pas… que l’aide existe.

    Vous avez un jour écrit que vous trouviez fascinant de voir que lorsqu’un adulte interagit avec son enfant, une mère ne regarde qu’une seule chose : son enfant. La mère d’Anne-Sophie et Olivier ne verra plus jamais ses enfants…C’est une mère blessée de trop… Ce sont deux enfants partis beaucoup trop tôt…

    Je suis mère de 3 enfants. Je ne suis ni juriste ni journaliste. Je ne juge pas le travail fait par les 11 jurés. Je ne porte ni la cause des femmes ni celle des hommes sur mes épaules. Je suis simplement la mère de 3 enfants : Alexandre, Anne-Sophie et Maxime… Et quand leurs regards se tournent vers le monde qui les entoure, le mien reste tourné vers eux.




Fille sans père

Je suis née un 12 juin, d’une mère célibataire. Je suis le résultat d’une union nébuleuse entre un homme d’affaires musulman et une femme québécoise en quête d’amour. Je suis le résultat d’une histoire sans lendemain, stratégiquement orchestrée pendant la période féconde d’une femme qui n’a jamais rien eu à elle. Je suis née avec le mandat d’assurer à une femme mal aimée un amour inconditionnel. Je suis née, comme tous les enfants naissent mais je vivrai toujours un peu différente.

Je ne suis pas un projet de vie. Je ne suis pas le résultat d’un désir commun. Je n’ai pas été rêvé par deux êtres fusionnels qui se reconnaissaient l’un dans l’autre. Je n’ai pas été imaginée par deux êtres enlacés, qui après s’être unis, espéraient mon existence. Personne n’a discuté de moi avant mon arrivée. Personne ne s’est demandé si j’étais une fille ou un garçon. Personne ne s’est demandé si j’allais avoir les cheveux bruns ou blonds, les yeux bleus, verts ou bruns. Personne ne s’est disputé pour le choix de mon prénom. Personne ne s’est questionné sur la couleur de ma future chambre à coucher, sur mon premier pyjama ou sur ma première peluche. Personne.

Avant même de naître, j’étais une mission accomplie. Une certitude. Une acquisition pour le futur. Une propriété privée, isolée du monde extérieur afin de préserver l’objectif ultime : l’authenticité la plus authentique de l’amour inconditionnel. J’ai été créée pour combler le plus grand vide affectif que la terre ait porté. Je suis née, pour être aimée d’une seule et unique personne, ma mère.

Ceci étant dit, je n’ai pas été vraiment malheureuse. J’ai vécu les premières années de ma vie en transit entre ma mère et ma grand-mère. Monoparentalité oblige, le travail à temps complet était de mise. J’ai donc vécu les deux premières années de ma vie chez mes grands-parents, où ma mère venait me chercher un weekend sur deux et une journée par semaine. Monoparentalité oblige, j’ai vécu en garde partagée les deux premières années de ma vie. Petite enfance oblige, je n’ai aucun souvenir de tout ça.

À l’âge de deux ans, ma mère obtient un poste permanent de jour. Je vivrai donc avec elle à partir de ce moment, et ce, jusqu’à l’âge de 19 ans. Monoparentalité oblige, je passerai ma petite enfance à me faire garder par ma grand-mère et mes tantes, pendant que ma mère gagne sa vie pour subvenir à la mienne. Petite enfance oblige, je n’ai aucun souvenir de ça non plus.

Trente années plus tard, je suis une adulte fonctionnelle. J’ai un conjoint, des enfants, des amis, une carrière et des projets. Je ne suis ni traumatisée, ni en colère. Je n’en veux pas à ma mère, je ne la juge pas et je ne lui ferai jamais de reproches. Mais une chose est certaine… j’aurais certainement préféré dire papa avant la naissance de mon premier enfant… à 24 ans…

Aimes-moi

        Aujourd'hui, le téléphone a sonné. J'ai répondu. Pas de surprise: c'était l'école. Ta journée ne se déroule pas bien. On me demande de venir te chercher, car tu ne réussis pas à retrouver ton calme. Je pars donc, tranquillement, vers l'école. En arrivant, la secrétaire connaît déjà la raison de mon arrivée hâtive. Elle me guide, comme à l'habitude, vers le bureau de la TES, où je te retrouve assis sur une chaise, le visage assombri, les sourcils froncés, les poings serrés. Ton accompagnatrice m'explique que la journée a mal débuté, qu'une intervention suite à un évènement s'étant produit la veille t'a désorganisé. Je l'écoute m'expliquer que tu t'es mis en colère, pour ensuite revenir au calme, et ce, plusieurs fois depuis le début de la journée. La situation s'est détérioré, tes propos sont devenus hargneux, ton corps tendu et tes comportements violents. Tu as frappé ton accompagnatrice, tu as lancé tes effets, tu as crié, chahuté, refusé de collaboré. La violence n'étant pas tolérée à l'école, tu dois retourner à la maison. Tu reviendras lundi accompagné de tes parents.
         Tu quittes le local avec ton accompagnatrice pour aller chercher tes effets. Je t'attends au secrétariat. Je réfléchis. Quelque chose ne va pas. Je l'ai vu dans tes yeux, je l'ai ressenti dans ton regard. Au moment où tu me rejoins, tes yeux sont remplis de larmes, ta lèvre inférieure tremble. Tu me regarder et me dit : "Je suis un débile! Je ne sais pas me contrôler. Je comprends que tu arrêtes de m'aimer. Je me fous que tu perdes ton travail. Je veux que mon père perde son travail! ainsi, vous serez plus souvent auprès de moi...et peut-être recommencerez-vous à m'aimer un peu! Je reconnais l'émotion dans tes yeux maman: c'est de la tristesse. Tu es triste parce que tu ne m'aimes plus. Tu es triste parce que tu es déçu. Je suis un DÉBILE!!!"
         Ton accompagnatrice, témoin de ton discours, me regarde et cherche ses mots. Elle te caresse le bras doucement et te dit qu'elle est en classe pour te guider, t'aider à apprendre à te contrôler. Elle te répète que tu n'es pas un débile, que tu es un garçon intelligent et qu'elle croit en toi. Je poursuis en t'expliquant sensiblement la même chose: tu n'es pas un débile, je crois en toi... Mais tu ne nous entends pas. Tu fais des mouvements circulaires avec ta main droite, autour de ton oreille, en hurlant: JE SUIS UN DÉBILE.

        De retour à la maison, tu t'installes à table pour le repas. Je te sers ce que tu devais manger à l'école. Tu n'aimes pas, tu n'en veux pas. Tu pleures en silence devant ton assiette. À ce moment-là, j'ai volontairement pris ton assiette, j'ai mis le contenu à la poubelle... et je t'ai servi autre chose: tes rôties au Nutella! Surpris, tu me regardes et me demandes pourquoi je te fais ce plaisir. Pourquoi, malgré ton comportement, outrepassai-je mon rôle disciplinaire et t'accorderai-je une douceur? Assise devant toi, des rôties couvertes de Nutella dans mon assiette à moi, je te regarde et je souris....

         Je plonge mon regard dans le tien et me mets tranquillement à t'expliquer ceci:

« Mon fils, avant même d'être médicalement et légalement ta mère, je t'aimais. Je t'ai aimé avant même de te tenir dans mes bras. Je t'ai aimé avant de te connaître. Je t'aime le matin. Je t'aime le midi. Je t'aime le soir et je t'aime même la nuit. Je t'aime quand tu ris, quand tu pleures et même quand tu cries. Je t'aime, parce que je suis ta mère, parce que je vois en toi beaucoup de choses qui méritent d'être aimées. Je t'aime pour ton intelligence, ton regard coquin et tes réflexions parfois inusitées. Je t'aime pour ta vivacité, ta curiosité et ta spontanéité. Je t'aime et je suis fière de toi. Je sais que tu crois que je pourrais arrêter de t'aimer... mais ce n'est pas le cas. Tu as raison... je ne peux pas te promettre que je t'aimerai toute ta vie..... mais je te promets ceci: Je t'aimerai toute la mienne. »


jeudi 8 septembre 2011

Enfant à défi....ou Défi d'une vie?

C'est fait. C'est officiel. La rentrée est terminée. Pour une mère comme moi, ce fut un moment de fébrilité extrême. Comme vous le savez, j'ai le privilège d'être la mère de trois beaux enfants. Comme vous le savez aussi, notre ainé éprouve des difficultés de comportements importants. Comme vous le savez, je me remets perpétuellement en question quant à mon rôle parental, à mes interventions, à mon niveau de collaboration. Comme vous le savez..., je mène un combat que bien d’autres ont mené avant moi, celui de la recherche continuelle de solution visant à améliorer la qualité de vie de mon enfant et de ma famille.

Dans les années 70, on appelait ce genre d'enfant un « petit maudit » – comprenez ici que je me dois de rester polie. Plus tard, on trouvera des termes moins dégradants pour les identifier, on les appellera les enfants téflon ou les enfants Ritalin. Aujourd'hui, on parle d'enfants à défi particulier. Maintenant, dès leur entrée au CPE, ces enfants sont évalués, encadrés et stimulés. Lors de leur entrée dans le monde scolaire, ils sont médicamentés pour ensuite être intégrés.

Le mien, mon enfant à défi, s’oppose continuellement. À l’école, il ne respecte aucune règle, défie l’autorité, saccage ses effets scolaires, s'enfuit dans l’école, frappe ses amis, insulte la TES. Le mien, il parle déjà de décrochage, d’abandon, d’échec et affirme déjà qu’il n’ira pas à l’université. Lorsqu’il est en crise, il me déteste, me trouve nulle, me reproche de l’avoir mis au monde. Parfois, il me demande de le tuer pour que les médecins puissent ouvrir son cerveau et enfin comprendre ce qui cloche chez lui. Le mien déteste manifestement sa vie. Le mien n’a que 6 ans.

À la maison, les règles sont claires : on ne frappe pas, on ne crie pas, on respecte les membres de sa famille, on dort dans son lit toute la nuit. À la maison, il veut cuisiner, faire la vaisselle, aider son père à tondre le gazon, lire des histoires à sa petite sœur. Il cherche continuellement à faire des câlins à son petit frère ou à se blottir contre son père… Il refuse de rester seul dans une pièce, dort dans une chambre éclairée avec de la musique en continu et se réveille régulièrement la nuit : paniqué, apeuré.

Notre fils est anxieux. Demande continuellement qu’on lui répète l’horaire de la journée, les activités prévues, le nombre de minutes entre chacune de ces activités et reconfirme plusieurs fois que rien n’est annulé… Advenant le cas… CATASTROPHE!

Certaines choses sont difficiles lorsque l'on vit avec un enfant à défi. La vie familiale est perturbée, la vie de couple mise de côté. Tout tourne autour de cet enfant qui, par son comportement, réclame 210 % de notre attention. Les frères et sœur sont pénalisés de façon quotidienne… Difficile de jouer à la poupée avec sa petite princesse quand notre grand est en crise… Difficile de bercer ton bébé quand ton aîné est incapable de rester seul dans une pièce où tu n’es pas… Difficile de ne pas pleurer le soir en te couchant parce que la seule chose que tu as réussis à faire est d’assurer la sécurité d’un enfant qui, lorsqu’il perd le contrôle, devient une menace pour autrui.

Lors de nos sorties, il peine à tenir en place, il court, il parle fort, recherche les contacts avec les autres enfants présents alors que les parents de ces enfants s’éloignent afin qu’il ne puisse s’en approcher. Régulièrement, le regard des autres se pose lourdement sur nous et leurs propos viennent à nos oreilles. Des propos lourds de jugement. Des propos mesquins qui visent habituellement à remettre nos capacités parentales en doute. Des propos qui font mal et resserrent l’étau que j’ai en permanence sur le cœur et qui réussit souvent à me couper le souffle.

Lorsqu’il est absent, ces mêmes parents nous évitent, dévient leur regard, ne nous parlent pas. Lorsqu’ils nous parlent, les discussions ne sont pas fluides. Elles concernent habituellement notre garçon qui, selon eux, semble vraiment difficile. Les commentaires émis sont éloquents : votre enfant dérange, il rend le mien nerveux, Dieu merci mon enfant n’est pas dans la classe du vôtre… Votre enfant empêche les enfants normaux de progresser, il monopolise l’attention des enseignants et de tous les intervenants. Même si ces parents affirment comprendre que ce ne soit pas facile pour nous, ils nous demandent de comprendre que pour eux non plus ce ne l'est pas. Ils nous demandent de comprendre leurs craintes et celles de leurs enfants.

Ceci étant dit, j’aimerais sincèrement offrir à ces parents d’enfants « normaux » de venir passer 24 heures dans mes souliers. De venir gérer les cris, les pleurs, les insultes, sans parler des médicaments, des rendez-vous, des évaluations, des rencontres de suivis, des appels téléphoniques multiples, des rencontres informelles avec la direction de l’école et la direction du service de garde. J’aimerais leur confier le mandat de me trouver des ressources concrètes, de négocier mes absences au travail avec mon employeur, d’expliquer au dentiste que le nettoyage annuel des dents de mon fils risque de prendre plus de temps que prévu, de convaincre les parents de ses amis que nous ne sommes pas des désaxés, que nous ne maltraitons pas notre enfant… Lorsqu’un de ces parents ignorants aura relevé le défi, je pourrai peut-être faire preuve de plus de compréhension, de plus de compassion pour leurs enfants « normaux ».

Quand un de ces parents prendra le temps de me demander simplement : votre enfant semble différent, pourriez-vous m’expliquer pourquoi? Quand un de ces parents prendra simplement le temps de réfléchir à l’impact de chaque regard et de chaque commentaire... Quand un de ces parents-là me demandera simplement : comment vont vos autres enfants, alors là, l’étau se desserrera et je pourrai peut-être enfin respirer…

D’ici là, je réquisitionne le droit d’être en colère, d’être triste, de ne pas sourire et d’avoir de la difficulté à rester positive. D’ici là, je remercie publiquement tous les gens qui gravitent autour de nous et qui nous offrent leur support et leur amour. Je remercie ceux qui n’ont pas fui devant mes larmes, qui ont décroché le combiné tôt le matin ou tard le soir, ceux qui ne demandent rien en retour et qui comprennent que mon enfant à défi est et sera dorénavant le Défi d’une vie…